samedi 11 avril 2009

J'ai laissé tomber

Je l'avoue j'ai laissé tombé le mal de Montano de Vila-Matas.
Après une première partie haletante, une seconde passionnante, une troisième en coup de théâtre, je me suis retrouvé en face de cette quatrième partie tout à fait déconcertante. Je ne saurais dire si elle est intéressante vu que l'auteur ne cesse de parler à une seconde personne du singulier qui ne désigne ni moi, lecteur qui dit « je » même quand je lis, ni lui, qui dis « je » quand il écrit.
Je suis bien désolé, et je m'adresse à toi Nouveau Roman, de ne pas être d'accord avec toi quand tu crois que je ne suis pas à la hauteur mais il faut bien comprendre que face à mon bouquin je n'ai aucun interlocuteur pour me proposer une argumentation, j'irais même jusqu'à dire que quand tu oses expliquer ton pâle concept tu n'utilises pas cette seconde personne du singulier. Et pourtant, diras-tu, j'ose l'utiliser, moi. Et bien oui, parce que le « tu » est un tiers et que je t'ai nommé, Nouveau Roman, « je » n'est pas en cause, ni « il », Vila Matas, avec qui je rentre en dialogue.
Toi je t'accuse, je t'éjecte, je te dis tiers en sachant que personne ne réussira à me répondre. Allez, barre-toi le « tu » !
Parfois je te nomme aussi, lecteur. Mais sache que je parle au lecteur tiers, évidemment. Mon lecteur, celui qui me lit à l'instant, celui qui n'est plus « je » quand je veux dialoguer avec lui à l’intérieur du récit, le sait parfaitement je crois. Je ne saurais éjecter quiconque de mon blog, simplement il m'est parfois nécessaire de te nommer, toi le tiers lecteur, toi qui me lis peut-être aussi en plus de celui qui me lit présentement. Parfois il pourrait d’ailleurs te rencontrer dans les commentaires, et nous pourrions tous échanger. En attendant tous ces « tu » qui existent peut-être, ailleurs donc, forment une sortent de « ils » vagues plus ou moins sympathiques mais qui ne nous concernent pas vraiment.
Évidemment dans les commentaires, entre acteurs du dialogue cette fois-ci mis en scène, sorti du récit, on peut se dire du « tu » à volonté, mais on sait parfaitement que le lecteur qui ne participe pas à ce dialogue est resté dans le récit lui et qu'il nous considère ainsi tous comme des tiers mis en scène, ce que je ressens aussi quand je lis une transcription d’une pièce de théâtre (avec des personnages vagues plus ou moins sympathiques qui ne me concernent pas vraiment).
J’ai laissé tombé Vila-Matas et je suis passé à autre chose. Je ne connaîtrai pas la fin, sauf à revenir plus tard dessus ou à lire simplement les dernières pages (et peut-être constater qu’il revient à un « je » plus aimable ou même à des "il" pour dialoguer avec d'autres, ou moi son lecteur).

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